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Mission Bermudes : rencontre avec l’un des créateurs de la nouvelle attraction du Futuroscope

Mission Bermudes : rencontre avec l’un des créateurs de la nouvelle attraction du Futuroscope

2 juillet 2025

Le Futuroscope vient d’ouvrir une attraction aquatique à la technologie unique : Mission Bermudes. Pour lever le mystère sur les défis que cela a soulevé et en découvrir quelques secrets, nous avons eu la chance d’interroger Adrien Pereyrol, chef de projet.

Synopsis : Une équipe d’explorateurs a disparu. Serez-vous prêts à partir à leur recherche à bord de votre bateau ? Vous affronterez le tumulte des rapides et des phénomènes inexpliqués avant la chute finale ! Vivez une aventure hors du commun grâce à une technologie inédite qui combine les sensations d’un parcours aquatique avec celles d’un roller-coaster.

Qu’est-ce Mission Bermudes en quelques mots ?

Mission Bermudes est une attraction tumultueuse, pleine de rebondissements, et surtout pleine de sensations différentes sur un thème assez mythique : le triangle des Bermudes. En trois mots : immersion, étonnement et sensation.

Quelle est la genèse du projet Mission Bermudes ?

Au Futuroscope, nous avons un système de notation de nos attractions, et quand l’une de nos expériences n’est plus populaire, on se pose la question de la renouveler ou de réutiliser l’emplacement pour faire autre chose. Sur l’emplacement de Mission Bermudes, on avait le Jardin des Énergies, qui n’était quasiment plus utilisé ces dernières années, ouvrant la voie à un remplacement.

On établit alors un cahier des charges : on veut une attraction aquatique majeure, avec un budget de base de 19 millions d’euros. C’est par la suite au chef de projet de proposer des idées d’attraction ou de ride-system. Avant que Camille Boulay (ndlr : le second chef de projet) et moi n’arrivions dans l’aventure, notre prédécesseur a visité des salons, comme la IAAPA Expo, pour rencontrer différents constructeurs. Nous cherchions à créer une attraction aquatique qui sortait des sentiers battus, et au détour d’une discussion avec Mack Rides, ils nous ont parlé d’un prototype qu’ils gardaient dans leurs cartons depuis 20 ans et qu’ils n’avaient pas encore tenté à Europa-Park. Alors on a dit « c’est parfait, allons-y ! ».

Contrairement à vos nouveautés récentes, la thématique de Mission Bermudes tend plus vers le fantastique, pourquoi ce choix ?

Ce qu’on cherche Futuroscope, c’est de faire des attractions qui s’inscrivent dans ce qu’on appelle l’ADN du Futuroscope. Notre vocation est bien évidemment d’amuser et divertir nos visiteurs, tout en faisant apprendre quelque chose. Le triangle des Bermudes est un thème parfait en étant à la fois scientifique, mystérieux et un peu fantastique. C’est un univers qui mêle plein de choses, aussi bien réelles qu’irréelles.

Quelles ont été les étapes clé de la conception de l’attraction ?

La première idée a été conçue en 2018, au moment de l’annonce du plan Vision 2025. Puis, jusqu’en 2022, il y a eu toute la phase d’études, de conception, le choix des entreprises… Les travaux ont commencé en 2022, jusqu’à l’ouverture officielle le 28 juin 2025.

Pouvez-vous nous en dire plus sur le ride system « Rocking Boat » ?

Le rocking boat, c’est une attraction hybride : c’est un mélange entre un flume et un water coaster :

Un flume, c’est une bûche qui flotte dans l’eau, dans un canal étroit qui dirige le bateau, qui avance grâce au courant de l’eau.

Un water coaster, c’est un bateau qui est dans l’eau, mais qui est relié à un rail et avec des parties hors de l’eau, comme un coaster plus classique. Le rocking boat, c’est un mélange des deux.

On est dans un bateau qui, lui, est toujours relié à un rail. Mais lorsque le bateau est dans l’eau, le système et la conception du système fait qu’on flotte complètement et on a les mouvements d’un bateau classique.

Et l’autre nouveauté, c’est le système de propulsion du bateau : pour avancer sur le terrain relativement plat, le bateau utilise des Linear Induction Motors, des sortes d’électro-aimants, qui permettent de le faire avancer.

Et qui dit prototype inédit, dit problèmes ?

Plutôt que problèmes, je parlerais de challenges ! L’un des plus gros challenges a été la gestion des voies d’évacuation. Sur l’attraction, on peut se retrouver en plein milieu d’un bassin relativement profond (1 m 20). Généralement, les attractions aquatiques ne dépassent pas 1 mètre de profondeur. Ici, si des bateaux sont bloqués en plein milieu d’un bassin, il faut pouvoir aller chercher les gens pour les évacuer.

L’attraction comporte une partie de « rafting », comment a-t-elle été créée ?

Les rapides, c’est vraiment quelque chose de très particulier parce que ce sont des vrais rapides. Il s’agit d’un bassin artificiel qui a été réalisé par une entreprise qui s’appelle Hydro Stadium, une filiale d’EDF spécialisée dans les barrages hydroélectriques, les vagues artificielles et dans les bassins artificiels de rafting.

Ils ont par exemple réalisé le bassin de canoë des Jeux Olympiques à Vaires-sur-Marne. D’ailleurs, une des personnes qui travaille dans cette entreprise est un champion du monde de kayak, et selon lui nous avons le bassin artificiel le plus rapide du monde. Il rêve d’ailleurs de faire ce rafting en kayak !

Tous les réglages ont été réalisés conjointement entre Mack Rides, Hydro Stadium et nous, évidemment. Il s’agit d’un process très complexe parce qu’il y a trois grands facteurs : le niveau d’eau, le timing millimétré que met le bateau pour réaliser la descente, et à quel point l’attraction mouille.

Stade nautique olympique de Vaires-sur-Marne

Un mode hiver est-il prévu pour cette attraction ?

Un mode hiver est bien prévu, mais seulement les effets aquatiques, en réglant la pression des effets dans les pompes.

Par exemple, on peut adapter le geyser qu’il y a dans le vortex, en réglant le timing pour qu’il se déclenche un peu plus tôt. Même chose sur la cascade d’eau. En revanche pour le rafting, on ne pourra adapter les réglages.

Comment fonctionne le Rocking Boat dans ces fameux rapides ?

Nous avons travaillé pour garder cette sensation de flottaison malgré que le bateau reste sur un rail. Le Rocking Boat permet qu’une fois que le bateau est dans l’eau, il reproduit toute la flottaison que pourrait avoir un bateau sur l’eau, avec le tangage. La seule chose qu’il ne fait pas, c’est avancer ou reculer indépendamment du châssis ; il reste dans l’axe du rail.

On imagine que le traitement et recyclage de l’eau est également un sacré challenge…

La consommation d’eau sur Mission Bermudes est effectivement un sujet, étant donné qu’on utilise plus de 5 millions de litres d’eau, soit deux fois plus que l’Aquascope. Cette eau doit bien sûr être traitée, car en contact du public.

On a fait le choix de partir sur un traitement naturel de l’eau, grâce à des marais filtrants. On a deux lacs dans l’attraction, et chaque lac a son propre marais filtrant. Nous avons des plantes qui filtrent l’eau, sur un substrat de poutzolane (de la roche volcanique) par différents cycles de manière horizontale et verticale.

Nous avons mis en place un cercle vertueux entre l’Aquascope, Mission Bermudes et l’Hôtel Ecolodgee :

Sur l’Aquascope, l’Agence régionale de santé (ARS) nous impose de rejeter un certain volume d’eau par visiteur, afin qu’elle soit renouvelée pour raison sanitaire. Plutôt que de gaspiller cette eau, on retire le chlore via des marais filtrants situés vers l’Aquacope, puis on envoie cette eau dans les réservoirs de Mission Bermudes. Et si le bassin tampon de l’attraction est déjà plein, l’eau ira dans les bassins de l’Hôtel Ecolodgee.

Restons sur le domaine de la nature, en parlant du travail paysager, reproduisant un paysage tropical !

C’est un vrai travail qu’on a eu avec notre bureau d’étude paysagiste. Beaucoup de plantes paraissent exotiques… mais ne le sont pas forcément ! On a fait le choix d’avoir des plantes dites exotiques – palmiers ou bambous – mais qui puissent survivre au climat de Poitiers.

On une impression globale de végétation tropicale, mais en fait, c’est un savant mélange de plantes un petit peu tropicales type palmiers, et de plantes qui ne sont pas du tout tropicales, qui vivent très bien ici. L’association des deux donne une sensation de végétation assez luxuriante.

Peut-on s’attendre à de nouveaux projets innovants au Futuroscope, à l’image de Mission Bermudes ?

Notre but au Futuroscope, c’est de toujours se différencier. Aussi bien en travaillant sur des montagnes russes que sur des expériences plus sensorielles et visuelles.

Un grand merci à Adrien Pereyrol de nous avoir accueillis et d’avoir répondu à nos questions, ainsi qu’aux équipes du Futuroscope qui ont permis la réalisation de cette interview.

Découvrez dès à présent le reste de l’interview dans le podcast Place du Carrousel, disponible sur toutes les plateformes.