À la question « Que recherchent en grande partie les visiteurs dans un parc d’attractions ? », on répondrait : des sensations fortes. Mais comment être innovant ou original lorsque la plupart des parcs construit des machines de plus en plus immenses de plus en plus poussées technologiquement ?

Nous allons nous pencher vers les antagonistes de ces monstres métalliques et analyser un format d’attraction de plus en plus en vogue, en observant comment un géant de l’industrie des parcs en a fait sa marque de fabrique.

À l’occasion d’Halloween, l’équipe de Dimension Parcs vous dévoile un dossier sur le plus grand événement mondial où frayeur et divertissement ne font qu’un : les Halloween Horror Nights du parc Universal Studios Florida.

Trop peu populaires en Europe, ces soirées sont un événement planétaire pour les fans d’Halloween et de films d’horreurs en tout genre. Elles jouissent d’une communauté solide qui, chaque année, se dévoue pendant deux mois pour célébrer la peur. Mais que sont donc les Halloween Horror Nights, quel a été leur processus de création, et comment s’explique leur popularité et réussite ?

La genèse des Halloween Horror Nights

C’est en s’inspirant d’un des premiers évènements assez discret bien que réussi, “Knott’s Scary Farm” créé en 1973 par le parc Knott’s Berry Farm, voisin de Disneyland en Californie, qu’Universal a compris qu’Halloween pouvait être un des moments opportuns de ses destinations de loisirs. Même si le succès mettait du temps à arriver, ils étaient persuadés que cette idée était la bonne.

C’est en 1991, précisément les 25, 26 et 31 octobre, que l’ombre des Halloween Horror Nights naquit à Orlando. L’événement portait alors un nom bien différent : les Universal Studios Frights Nights. Pour la modique somme de 12,95 dollars, vous aviez accès au parc avec ses festivités morbides et la visite de la première maze d’Universal, The Dungeon Of Terror.

Avant d’entrer dans les détails, il est essentiel de faire un point sur le lexique technique d’Halloween Horror Nights.

Une maze (labyrinthe ou maison hantée en français) est un parcours à pied ou walktrough où vous êtes immergé dans un univers fictif. La particularité d’une maze réside dans ses “scare actors”, des comédiens présents pour vous faire sursauter au moindre angle mort ou trappe cachée. Ils peuvent aussi faire partie d’une scène dérangeante afin de vous pousser dans vos derniers retranchements.

Un exemple assez connu est la “Rat Lady” présente dans The Dungeon Of Terror. Cette scène représentait une femme enfermée dans un cercueil en verre dans lequel elle cohabitait avec une quinzaine de rats. Les visiteurs n’en croyaient pas leurs yeux, et la “Rat Lady” revenait presque tous les ans jusqu’en 2015 pour le plaisir et la terreur de ces derniers.

Des acteurs déambulent aussi dans le parc, dans des “scare zones”, afin de ne vous laisser aucun répit lors de cette soirée horrifique. Chaque scare zone est thématisée afin de donner une cohérence au lieu et aux acteurs. Il faudra attendre la quatrième saison pour découvrir la première scare zone qui se nommait Horrorwood, où se mélangeaient dégénérés avec tronçonneuse et hommes d’église inquiétants. Nous sommes encore loin du niveau actuel de l’évènement, mais chaque année les visiteurs viennent de plus en plus loin afin de rencontrer ces monstres en tout genre.

Dès la seconde édition, les “Frights Nights” subissent un changement de nom afin de pouvoir déposer leur propre marque, sentant le bon coup. Ce sera “Universal Studios Florida Halloween Horror Nightsen 1992, puis, jugeant le nom à rallonge, le nom final sera “Halloween Horror Nights”.

Pour la deuxième édition, une nouveauté arrive. Une deuxième maze nommée “The People Under The Stairs” fut créée. Sa particularité : être basée sur un film d’horreur sorti l’année précédente d’un des maîtres en la matière, Wes Craven. Les visiteurs étaient plongés dans un univers qu’ils étaient susceptibles de reconnaître s’ils s’étaient rendus dans les salles obscures.

Cette édition de 1992 a aussi donné lieu à la création d’un spectacle qui subsistera pendant 22 ans consécutifs, basé sur la série de film Bill & Ted qui amène science-fiction absurde. Ce spectacle était tellement plébiscité, que son retour a eu lieu chaque année au niveau du Wild West Stage (actuellement le Fear Factor Stage). L’histoire était très souvent peaufinée et modifiée. Durant la première représentation, le duo d’acolytes Bill et Ted utilisaient leur machine à remonter le temps afin de pratiquer le très populaire Trick or Treat à volonté. C’est sans compter Black Bart, l’antagoniste de l’histoire qui va aussi utiliser cette machine afin de ramener des personnages iconiques comme Freddy Krueger pour embêter les deux héros. Le résumé est simple mais l’apport de la pop culture rend sa critique unanime : les Halloween Horror Nights tiennent leur fer de lance en termes de spectacle.

Un mini show va aussi devenir la bête de foire le temps de quelques années : Robosaurus. Il s’agit d’un show de type streetmosphere. Lorsque vous sillonniez les rues new-yorkaises, il était possible de croiser un énorme robot de trente tonnes de la forme d’un t-rex. Sa mission était de détruire la ville, et il n’hésitait pas à détruire des véhicules. Le concept peut paraître saugrenu, mais le public n’attendait qu’une chose : la venue de Robosaurus.

La machine Halloween Horror Nights était lancée et le public venait de plus en plus nombreux chaque année. Pour que les visiteurs reviennent tous les ans, Universal a appliqué une méthode que l’on pourrait qualifier d’iconique...

Les icones : les piliers des soirées !

En juin 1989, si vous étiez un enfant américain et que vous allumiez la télévision, il y avait des chances que vous tombiez de votre chaise de peur car passait sur HBO l’une des plus populaires anthologies d’horreur : Tales from the Crypt. À l’instar des livres ou séries TV “Chair de Poule”, “Les Contes de Crypte” ont eu une influence très importante sur toute une génération d’américains qui frémissaient rien qu’à la vue du très dérangeant Crypt Keeper. Universal décida en 1995, pour la première fois, d’utiliser un personnage comme icône de l’édition annuelle. Cette année le “Dungeon of Terror” devenait “The Crypt Keeper Dungeon of Terror”. Les visiteurs pouvaient donc rencontrer ce personnage pendant les cinquième et sixième éditions. Vers la fin des années 90 le nombre de mazes dans l’événement augmente drastiquement en tournant entre cinq et six selon les années, tandis qu’il n’y avait qu’une seule scare zone renouvelée chaque année se nommant “Midway of the Bizzare”.

En 1999, Universal essaye de se servir des Halloween Horror Nights comme tremplin de promotion pour leur film “The Mummy” avec Brendan Fraser. L’opération fonctionne : le public va voir le film et s’empresse d’aller faire la maze correspondante qui ouvre la voie à “Revenge of the Mummy”, la future nouveauté 2004 du parc.

L’an 2000 sonne son glas, et les Horror Nights en sont déjà à leur dixième édition. Cette année est charnière pour l’événement, bien que les scare zones soient désormais au nombre de quatre, Universal misa tout sur un personnage original créé de toutes pièces : Jack the clown.

“Si vous n’avez pas peur c’est que vous ne connaissez pas Jack”

Tel était le slogan ambitieux des Horror Nights X. Jack est décrit comme un clown démoniaque n’hésitant pas à assassiner sans remords ! Il veut être le centre de l’attention, et ceci à n’importe quel prix. Pour la première fois, les visiteurs pouvaient identifier la soirée à un personnage particulier, l’icône de la soirée.

L’année suivante Jack est de retour sous un tonnerre d’applaudissements, mais tout cela n’est pas aussi simple. Les Horror Nights XI devaient voir la naissance d’une nouvelle icône : Eddie, le frère de Jack, qui adore jouer avec sa tronçonneuse un peu trop près des gens. Cependant, peu de temps avant l’événement, les États-Unis sont frappés par les attentats du 11 septembre. L’équipe d’Universal décide donc de mettre Eddie en second plan, dans une maze nommée “RUN” sur le thème d’un jeu TV morbide où il faudra se sauver de nombreux psychopathes pour gagner le gros lot.

Universal choisit de prendre le risque de complètement renouveler les soirées en 2002 en relocalisant les mazes et autres scare zones dans le parc voisin Islands of Adventure. Pour une des premières fois, le succès critique n’y était pas.

Malgré la création d’une nouvelle icône, le Dr Albert Caine, plus connu sous le pseudonyme de The Caretaker, et de sa “Screamhouse” où nul n’osera rentrer de peur de ne jamais en ressortir, les visiteurs n’ont pas spécialement adhéré à cette édition. Mettre des mazes sur le thème de l’émission à sensation de l’époque “Fear Factor” ou bien de créer une histoire horrifique avec l’aide de la licence Jurassic Park n’y ont rien fait, le parc avait échoué et devait se rattraper.

Pour l’édition suivante, le lieu fut conservé et The Director apparut dans les allées du parc afin que ce passionné de septième art filme chacune de vos peurs les plus extrêmes. À noter que le ticket d’entrée tourne aux alentours des cinquante dollars à cette période

Pour la quinzième édition, une vieille dame nommée Elsa Strict campait le rôle de la Storyteller. Une raconteuse d’histoires qui avait pour particularité de pouvoir vous faire vivre ses récits au sein des mazes proposées. Chacune de ses phrases pouvait vous donner la chair de poule, ses légendes étant particulièrement intenses puisque vous en deveniez le personnage principal.

En 2006, les Horror Nights étaient de retour dans le parc Universal Studios Florida avec un slogan y faisant référence : “ Horror Comes Home”. Après tant d’années de recherche et de travail, l’équipe créative pouvait enfin faire la soirée que tous les fans attendaient.  Halloween Horror Nights: Sweet 16 était, pour la première fois, un rassemblement de toutes les icônes développées depuis la création du concept. Nous pouvions donc rencontrer Jack the Clown, The Caretaker, The Director et même The Storyteller. Pour l’occasion, chacune des icônes avait une maze dédiée et, pour le clin d’œil, nous pouvions revisiter les toutes premières mazes en version améliorée : The Dungeon of Terror ainsi que People Under the Stairs.

Quelques années plus tard, d’autres icônes arrivèrent. On rencontrait alors la célèbre légende urbaine Bloody Mary, une gérante de cinéma qui est prête à réclamer le silence à n’importe quel prix, Lady Luck, la femme qui jouera avec votre vie comme au casino, ou encore The Usher. Ces dernières tentatives reçurent un accueil plus ou moins mitigé comparé aux anciennes icônes, mais le succès restait présent.

Les Franchises : l’autre ingrédient de la recette du succès !

Au fur et à mesure des années, une forte communauté fidèle naquit autour des Horror Nights. Si Universal Studios était bien conscient de la présence de ces fans, ils cherchaient comment trouver un autre public venant davantage pour le fond que la forme. C’est alors que, dès 2007 et l’édition Carnival of Carnage, ils misèrent un maximum sur les franchises populaires de films d’horreur.

(Photo : Orlando Informer)

Les mazes qui étaient le plus souvent occupées par des créations originales reposent maintenant sur des licences comme Vendredi 13, Freddy les griffes de la nuit ou encore Massacre à la tronçonneuse. Ce choix était payant, les gens allaient voir le film au cinéma et pouvaient le revivre lors de ces nuits horrifiques.

Parfois, les mazes peuvent devenir un argument commercial comme il l’a été pour The Mummy en 2001. La série populaire The Walking Dead, qui est un fer de lance en termes d’horreur chez les jeunes, était omniprésente durant quatre éditions consécutives. Cela influait dans les spots publicitaires et devenait l’argument de vente numéro un.

Cette dernière licence perdant de sa popularité et de son audience, la nouvelle coqueluche des Horror Nights devint la série Stranger Things produite par Netflix, la plateforme ayant un partenariat avec Universal Studios.

Aujourd’hui, les Halloween Horror Nights ne sont donc pas l’événement d’effroi de référence par hasard. Elles sont l’aboutissement de dizaines d’années d’innovation et d’ajustement d’un concept déjà très convaincant d’origine, pour le plus grand plaisir de leur impressionnante communauté de fans. Malheureusement, la trentième édition n’a pas pu se tenir en 2020, mais cela promet un retour en force ces prochaines années. En attendant, le site virtualfrights.com propose de vivre à distance l’ambiance des soirées.

Rendez-vous donc en 2021 pour, si vous l’osez, laisser les artistes d’Universal défier vos peurs les plus profondes, lors d’Halloween Horror Nights plus mythiques que jamais !

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